Mouvement gaulliste et républicain

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Les réflexions gaullistes des semaines du 9 au 22 mai 2022 par Christophe CHASTANET

Vendredi 20 mai 2022 :

A la veille de la période estivale, la situation de l’hôpital est en surchauffe.

Après deux ans de pandémie gérée à flux tendus, l’hôpital public est en grande souffrance.

Le risque de ruptures d’accès aux soins est même atteint dans certains endroits puisque des services d’urgences ne sont plus en mesure d’accueillir les patients et se voient contraints de fermer leurs portes en raison d’un manque de personnel.

Ainsi, le CHU de Bordeaux a fermé, depuis mercredi, ses urgences adultes de l’hôpital Pellegrin, la nuit de 20 heures à 8 heures.

Il est trop simple d’affirmer, comme a encore pu le faire Olivier Véran le 12 mai dernier sur BFM-TV, que la fermeture de lits et de services hospitaliers résulte d’une mauvaise organisation.

La crise sanitaire a été le révélateur de l’échec des politiques de santé, centrées sur la seule rentabilité financière. Car c’est bien dans ces choix qu’il faut chercher les causes de la situation dramatique de notre offre de soins (lire réflexions gaullistes CC, 20/05/20).

Et, au lieu d’inverser la tendance, le Ségur de la santé n’a été qu’un cautère sur une jambe de bois. Notoirement insuffisant, il aura simplement été un rattrapage (surtout salarial) par rapport aux années précédentes.

Aussi, nombreux sont ceux qui ont déposé la blouse face aux conditions de travail qui ne cessent de se dégrader ; ce qui entretient un cercle vicieux sans fin.

Pour ne rien arranger, il a été fait le choix de maintenir à l’écart un nombre conséquent de soignants… les mêmes qui étaient en première ligne lors de la première vague et qui étaient applaudis !

Face aux pénuries d’effectifs dans les hôpitaux, il serait peut-être enfin temps de réintégrer les 15 000 soignants qui ont été suspendus au titre de l’obligation vaccinale.

Le gouvernement a joué l’attentisme et porte une très lourde responsabilité dans la situation actuelle.

La gestion de la pénurie a assez duré !

Il est nécessaire de sortir du paradigme selon lequel l’hôpital est considéré comme une administration car il en subit les règles imposées à toute institution publique.

Pour cela, il faut très rapidement changer de gouvernance. Et ce n’est pas seulement les gaullistes qui le disent mais bien… Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, qui a publié une note, en début du mois, sur la situation de l’institution qu’il dirige avec des propositions pour refonder l’hôpital public (réforme du statut hospitalier avec une rémunération à étages ; suppression des hiérarchies parallèles dans les établissements, etc.) : une démarche originale et courageuse qui ne doit pas rester sans lendemain !

Enfin, l’hôpital doit rester le recours pour les cas graves, ce qui suppose une meilleure coordination avec la médecine de ville, véritable parent pauvre des politiques de santé publique. Car, le lot quotidien de beaucoup de Français se résume à devoir courir après les médecins généralistes (qui n’acceptent plus de nouveaux patients ou qui partent à la retraite du jour au lendemain pour devenir employés à temps partiel par la Mutualité française, comme c’est le cas dans ma ville de Brive qui fait croire à l’arrivée de nouveaux médecins). 

Pour un pays qui s’enorgueillit d’avoir le meilleur système de santé au monde, cela fait tâche dans le tableau !

Mardi 17 mai 2022 :

Ce lundi, Élisabeth Borne a été nommée Premier ministre au bout de trois semaines d’un suspense très artificiel.

Que de temps perdu alors que l’urgence est partout (guerre en Ukraine ; pouvoir d’achat ; planification écologique), tout ça pour que le “maître des horloges” raccourcisse au maximum la campagne des élections législatives, comme il avait réduit celle des présidentielles en repoussant sans cesse l’annonce de sa candidature.

A 61 ans, la ministre du Travail est ainsi la seconde femme à entrer à Matignon et succède à Jean Castex qui a remis la démission de son gouvernement plus tôt dans l’après-midi. C’est du même tonneau, le profil prétendument “social” en plus… mais, à l’instar de son prédécesseur dont l’imposture du gaullisme social a fait long feu, les fausses notes se glissent dans la petite musique à propos de la femme de gauche.

Polytechnicienne et caution féminine de la macronie, elle constitue le choix de la sécurité, à défaut d’être la prise de guerre espérée.

Pour insuffler une nouvelle dynamique, on repassera : ministre depuis 2017, elle ne relève pas de la nouveauté rabâchée comme un mantra lors du discours d’investiture du 7 mai dernier. Mais il fallait absolument une femme, comme si le sexe avait valeur de compétence…

Technocrate sans charisme, à l’image de Jean Castex, et ayant porté des réformes impopulaires (ouverture à la concurrence de la SNCF ; casse de l’assurance-chômage) pour lesquelles elle est récompensée – mais on n’en est plus à un paradoxe près et les Français ont le dos large – elle devra rapidement imprimer sa marque sous peine de finir essorée comme Édith Cresson il y a 30 ans.

Ses marges de manœuvre sont quasi-nulles ou presque. Peu politique, jamais élue, elle ne dispose d’aucun réseau si ce n’est sa proximité avec… Alexis Kohler, qui n’est autre que le secrétaire général de l’Élysée dont on sait qu’il a pesé de toute son influence pour sa nomination.

Il y a d’ailleurs fort à parier qu’elle se verra imposer la quasi-totalité de ses ministres par l’Élysée et qu’elle ne sera pas chargée de conduire la bataille des législatives, puisque le président de la République s’est clairement posé en chef de la majorité aux Docks d’Aubervilliers (93) mardi dernier…

Le profil des Premiers ministres selon Macron se poursuit donc, à savoir un collaborateur qui saura rester dans l’ombre.

Pour quelqu’un qui voulait prendre un vrai virage, le coup de volant n’est guère violent ! 

Au contraire, le message envoyé par le président réélu est particulièrement clair : il n’a pas l’intention de changer sa manière d’exercer le pouvoir. Et de faire le pari qu’il aura toujours une majorité après les législatives qu’il n’envisage pas de perdre.

Or, le peuple est souverain. Il s’agirait peut-être de ne pas l’oublier dans les aréopages parisiens !

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