Jeudi 7 juillet 2022 :
La déclaration de politique générale d’Elisabeth Borne, hier à l’Assemblée, ne restera pas dans les annales.
Ce grand oral devant les nouveaux élus de la représentation nationale a flirté avec le voyage au bout de l’ennui.
Cela a d’ailleurs parfaitement été résumé par François Ruffin qui, dans une petite phrase aussi cruelle que réaliste n’ayant rien à envier avec l’ironie acerbe des orateurs des plus belles heures de la IIIème République, a pu estimer que même sa fille “met plus de ton quand elle récite sa poésie en classe”.
Pour l’incarnation de la fonction, on repassera. Si la politique ne saurait, et ne devrait, se réduire à un phénomène de séduction, force est de constater que l’absence de charisme n’aide pas à entraîner les autres derrière soi et, pire, à croire au message délivré.
Qu’en est-il justement du contenu du discours ?
On passera sur la volonté de construire des “compromis” avec les oppositions et la promesse de ne “jamais rompre le fil du dialogue”, tant cela reste des poncifs dans la bouche de celle qui les prononce mais aussi au regard de la réalité politique. Du reste, on risque très vite de s’en rendre compte dès aujourd’hui avec le projet de loi sur le pouvoir d’achat.
De cette purge, on ne retiendra certainement que la nationalisation d’EDF, étant précisé que l’Etat détient déjà 84% du capital.
Les gaullistes, attachés depuis longtemps à un véritable service public de l’énergie, ne vont pas s’en plaindre mais le diable se niche dans les détails…
Non seulement Madame le Premier ministre n’a jamais parlé de l’échec de la libéralisation du marché de l’énergie mais rien n’indique que l’Etat ne veuille pas reprendre la main pour pouvoir ouvrir la voie à un retour du projet Hercule de démantèlement du groupe entre activités de production et de vente d’électricité.
Et puis il faudra bien plus que reprendre le contrôle de l’énergéticien français pour recouvrer notre souveraineté énergétique quand on sait que l’on paye l’électricité au prix du marché européen !
C’est donc bien l’arbre qui cache la forêt car, à part cette annonce, le reste de la feuille de route n’a été qu’une longue litanie synonyme de reculs sociaux, sur les retraites ou le RSA par exemple…
A croire qu’il ne s’est rien passé les 12 et 19 juin derniers et que la majorité présidentielle aurait été reconduite sans être mise en minorité !
Finalement, sous couvert de concertation et d’ouverture, Élisabeth Borne n’a parlé qu’à sa majorité qui est bien de droite libérale. D’ailleurs, en évoquant la maîtrise des comptes publics (déficit sous les 3% en 2027), elle drague ouvertement le groupe LR.
Cet exercice d’equilibriste politique pourra-t-il durer bien longtemps ?
En tout cas, on est loin de la “Nouvelle Société” de Jacques Chaban-Delmas en septembre 1969 !