Jeudi 8 décembre 2022 :
C’est bientôt Noël… alors, le gouvernement fait mine de distribuer des cadeaux avec son indemnité carburant de 100 euros pour 10 millions de Français aux revenus modestes, qui se déplacent en voiture et qui en feront la demande.
On pourrait reprendre in extenso l’analyse effectuée à propos de la prime inflation (lire réflexions gaullistes CC, 22/10/21) ou de la remise carburant (lire réflexions gaullistes CC, 13/03/22). Mêmes causes, mêmes effets.
Non seulement le dispositif de la nouvelle indemnité (versée en une fois pour l’ensemble de l’année 2023) est injuste car il est plus ciblé que la ristourne sur le prix des carburants à la pompe qui bénéficiait à tous – ce qui ne peut créer que du ressentiment – mais cette stratégie reste un cautère sur une jambe de bois.
Cette aide, en direction des actifs et en fonction du salaire, exclut les retraités, tout comme les chômeurs et les parents au foyer puisque, par définition, ils n’utilisent pas la voiture pour se rendre au travail.
De plus, elle ne couvre pas le surcoût que devront débourser de nombreux Français habitant en zone rurale ou périurbaine, qui ont besoin de leur véhicule pour de multiples raisons (notamment l’accès aux services publics) qui ne se limitent pas à l’emploi.
On va donc accentuer les effets de seuil…
Indéniablement, on est très loin du compte avec cette indemnité qui n’a qu’une fonction : déminer la colère. Et peu importe si résoudre le problème de fond ou rechercher un peu d’équité par rapport aux besoins réels serait plus utile.
Traumatisé par l’épisode des “Gilets jaunes”, l’exécutif marche sur des œufs.
Or, comme l’indique, fort justement, Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’automobilistes, “les dispositifs s’accumulent et se remplacent. Le problème reste celui du manque de vision. Dix millions d’automobilistes concernés, c’est surtout 30 millions exclus.”
Il serait de bon ton de sortir, un jour ou l’autre, du courtermisme qui fait perdre tout sens à l’action publique !
Mais, en tout état de cause, tant que l’Etat se refusera à ajuster ses taxes à la baisse (et pour cause, il est bénéficiaire net de la crise et de l’envolée des prix : selon Bercy, les recettes générées par la TICPE et la TVA devraient dépasser les 41 milliards d’euros cette année) et que les entreprises ne relèveront pas les salaires ou ne redistribueront pas du pouvoir d’achat aux salariés sous d’autres formes (intéressement, “prime Macron”, etc.), nous en resterons toujours au même point…
Au final, autant nous l’avouer : cette mesure de circonstance n’est ni satisfaisante pour les millions de Français qui n’y sont pas éligibles, ni au regard des enjeux climatiques et des objectifs à atteindre en matière de transition énergétique. Tous perdants !
Mardi 6 décembre 2022 :
Les Français boudent la campagne de rappel contre le Covid-19 (au 1er décembre, moins de 10% des plus de 60 ans avaient recu la dose de rappel) et les autorités s’alarment alors que le virus repart à quelques jours des fêtes de fin d’année, faisant craindre des tensions à l’hôpital.
Mais faut-il s’en étonner ? les Français sont las. Et comment ne pas les comprendre !
Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié hier, a mis en exergue les principales conséquences de l’épidémie : explosion des dépenses de santé ; baisse de l’espérance de vie ou dégradation de la santé mentale des jeunes…
Le Covid a trop longtemps impacté la vie et la santé des Français.
Alors, à l’heure où l’immunité mondiale face à l’épidémie a été atteinte (puisque l’OMS à confirmé ce week-end que 90% de la population de la planète présentait une forme d’immunité face au virus, soit par une infection antérieure, soit grâce à la vaccination), chacun d’entre-nous, quel que soit son âge, aimerait bien pouvoir tourner la page et chasser l’angoisse.
Car les peurs irrationnelles sont légion, en atteste une autre qui s’instille ces jours-ci : celle des coupures d’électricité – qui pourraient être décrétées par le Réseau de transport d’électricité (RTE) en cas de surchauffe du système électrique cet hiver – ce qui inquiète particulièrement nos concitoyens, preuve s’il en est l’application “écoWatt” qui supplante “TousAntiCovid” dans nos smartphones…
Alors, neuvième vague ou pas, que les “grands spécialistes” cessent de nous infantiliser et arrêtent de s’exciter pour que les Français reçoivent un rappel, sans attendre.
D’autant que si l’on se retrouve dans cette situation, c’est que le gouvernement, de peur d’être impopulaire, ne va pas au bout de sa logique et que ses valses-hesitations nous conduisent à se demander s’il croit lui-même au message qu’il porte !
D’ailleurs, certains jeunes adultes qui sont volontaires pour recevoir une quatrième dose se voient essuyer un refus car ils ne sont pas éligibles et ne peuvent donc prétendre à un rappel…
La question qui se pose aujourd’hui est plutôt celle de savoir ce qu’il se passera au printemps prochain, quand les Français auront l’impression d’avoir survécu aux crises (économique, énergétique et sanitaire) en ayant bien respecté toutes les consignes…
… et qu’ils prendront alors conscience qu’il n’y aura pas de nouveau “quoi qu’il en coûte” mais qu’ils se retrouvent seuls pour faire face à la flambée des prix et à la précarité qu’engendre l’inflation.
Car c’est quand toutes ces crises périphériques sembleront derrière nous que la plus grave des crises va en réalité commencer.
C’est à ce moment là que se jouera l’avenir de notre pays en fonction des choix qui seront faits. Et peu importe alors quelle sera la couverture vaccinale ou les caprices de la météo…