Dimanche 29 janvier 2023 :
Jérusalem est à feu et à sang.
Après la fusillade meurtrière (7 morts et 3 blessés) perpétrée vendredi soir, près d’une synagogue dans un quartier de colonisation juive à Jérusalem-Est pendant les prières du Shabbat, une nouvelle attaque a fait deux blessés hier, près de la Vieille-Ville de Jérusalem.
Ces deux épisodes s’inscrivent dans un contexte plus général de tensions liées à la mort de neuf Palestiniens, jeudi dernier, lors d’un raid militaire israélien, destiné à prévenir un attentat, dans le camp de réfugiés de Jénine ; le plus sanglant depuis vingt ans en Cisjordanie.
Est-ce le début d’une dangereuse escalade ?
Personne ne pouvait imaginer que ces « attaques préventives » israéliennes resteraient sans réponse.
Depuis le lancement de l’opération Wavebreaker en avril 2022, ce sont près de 150 palestiniens – dont 33 enfants – qui ont été tués en Cisjordanie et, preuve d’une surenchère mortifère, ce ne sont pas moins de 30 civils ou miliciens qui l’ont été depuis le début de l’année 2023.
En tout état de cause, ces violences sont le premier test majeur auquel fait face Benyamin Nétanyahou qui dirige à présent le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël.
Ce samedi soir, sa promesse d’une réponse « forte, rapide et précise » ne peut que faire entrer le conflit dans une nouvelle phase plus intense et moins maîtrisée.
Et ce d’autant que le contexte ne prête pas à l’optimisme :
– la provocante visite du ministre de la sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, sur l’esplanade des Mosquées le 3 janvier dernier, pose la question des rapports de force au sein du nouveau gouvernement israélien ;
– la réaction au raid israélien à Jénine du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a immédiatement annoncé la rupture des accords de coopération sécuritaire avec Israël – une première depuis 2020 – ne peut que complexifier les choses sur le terrain.
Tous les ingrédients ou presque sont réunis pour le déclenchement d’une troisième intifada.
De plus, cette année, le ramadan va coïncider avec la Pâques juive, ce qui n’est pas l’idéal pour espérer faire abaisser le niveau de violence.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui avait prévu de se rendre au Proche-Orient à partir d’aujourd’hui pour discuter des négociations autour d’une solution dite « à deux Etats », risque bien de devoir se contenter de compter les morts.
Quant à la France, nous n’avons de cesse de déplorer la fin de « la politique arabe », initiée par le général de Gaulle.
Sans ce pivot de notre diplomatie, il est vain d’espérer que notre pays puisse chercher les bases d’une nouvelle politique régionale…
Comme toutes les Chancelleries occidentales, Paris est dans le déni. Rongé par la colonisation, un État Palestinien viable à côté d’Israël est un rêve aussi lointain que chimérique. Et tant que le lien entre l’occupation et les violences ne sera pas fait, toutes les solutions resteront dans l’impasse.
Comment s’étonner après que les appels au calme lancés par le Quai d’Orsay résonnent dans le vide ?