Mouvement gaulliste et républicain

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Les réflexions gaullistes de la semaine du 20 au 26 mars 2023 par Christophe CHASTANET

Dimanche 26 mars 2023 :

Après une semaine marquée par des violences sans précédent à Paris et dans de nombreuses villes de France, avec pour point d’orgue la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le week-end n’aura pas dépareillé.

Cette fois-ci c’est en province, dans les Deux-Sèvres, que la violence s’est déchaînée hier lors du rassemblement des anti-bassines à Sainte-Soline, pourtant interdit.

De graves affrontements, transformant le site en scène de guerre, ont éclaté entre plus d’un millier d’activistes violents rescensés par le ministère de l’Intérieur et les forces de l’ordre.

Aux mortiers et grenades artisanales ont répondu les gaz lacrymogènes pendant près d’une heure.

Plusieurs gendarmes ont été blessés, dont deux grièvement, et on déplore aussi sept blessés, dont trois graves, chez les manifestants.

Il est d’ailleurs à se demander si la violence de ces échauffourées n’avait pas pour but d’aboutir à une issue dramatique comme à Sivens dans le Tarn en 2014 pour enterrer le projet…

En tout cas, ces contestataires se moquent bien des problèmes d’eau de nos agriculteurs. Du reste, ces heurts ont largement éclipsé le débat de fond sur le partage de l’eau face au changement climatique.

Mais les activistes écologiques ont opportunément bien compris tout le bénéfice à tirer des émeutes et de la violence vu comment la société et l’ère de l’information en continu ont changé la donne.

Pour faire parler d’une cause, en l’occurence pour dénoncer le projet de retenue d’eau au profit de l’agriculture, le temps des revendications pacifiques est révolu.

Seul le recours à la force permet une exposition majeure.

C’est déplorable car la violence n’est pas une puissance magique qui permet de se projeter dans l’avenir. La violence est par excellence la fausse solution. Elle intervertit les valeurs et ne fait que renforcer la confusion.

Mais c’est une réalité.

Et c’est aussi du pain bénit pour les politiques contestataires de toutes formes qui en tirent parti à peu de frais pour proposer des solutions miracles… comme si saper les fondements de l’autorité et de la République allait leur dérouler le tapis rouge !

En attendant la question de fond reste posée : irriguer pour qui ? pour quoi ?

L’irrigation agricole ne prive personne : elle ne représente que 1,1 % des eaux de pluie.

De plus, l’eau n’est pas consommée comme une énergie fossile, elle est utilisée et recyclée dans un mouvement perpétuel.

On manque de réserves, mais pas d’eau !

Trouver un juste équilibre afin que chacun puisse avoir accès à l’eau mérite mieux que des invectives sanglantes et une tempête dans une bassine d’eau, fut-elle méga.

Jeudi 23 mars 2023 :

Du haut de sa superbe, la formule magique est tombée comme un couperet : «je vis pas de regrets moi, je vis de volonté » et «j’assume ce moment parce qu’il permet les autres».

La surestime de soi et le complexe de supériorité ça se soigne. Il existe pourtant de bons praticiens dans les hôpitaux de l’AP-HP. Il serait vraiment temps qu’Emmanuel Macron consulte !

On ne peut pas dire qu’en prenant la parole à la télévision hier, sur la réforme des retraites, le président de la République ait cherché à esquisser un mea-culpa propre à pacifier le climat délétère de tensions au sein de la société française.

Même s’il était exclu qu’il annonce un quelconque retrait de la réforme des retraites, il était attendu sur sa capacité à comprendre le pays et à l’entendre.

Aucune autocritique, ni remise en cause de la méthode ; autant dire que les Français en ont été pour leurs frais !

Au contraire, sur un ton thatchérien surjoué, il est toujours persuadé d’avoir raison contre tout le monde.

Quand ce n’est pas le registre du pathos qui est convoqué tant cette réforme est une croix qu’il a décidé de porter par nécessité, par esprit de responsabilité. Amen !

Sans concession, il a même pris le risque de mettre en cause les syndicats qui n’auraient pas proposé un compromis et qui seraient responsables de la situation.

Et face à la contestation qui monte dans la rue, il n’a rien trouvé de mieux que de contester la légitimité de certains manifestants et faire un parallèle… avec l’assaut du Capitole aux États-Unis en janvier 2021 !

L’opposition entre un peuple valorisé et une foule illégitime n’est pas nouvelle dans son esprit. Il nous a déjà servi la même soupe au moment des Gilets jaunes avec les mêmes termes et expressions.

Mais, en creux, on devine qu’il est déjà passé à autre chose et fait le pari que la mobilisation va s’essouffler.

Le chef de l’Etat veut très vite tourner la page et se projeter sur les prochaines réformes (partage de la valeur, reindustrialisation, école, santé) et négociations avec les syndicats (conditions de travail, fins de carrière, etc).

Or, sur le fond, il est empêché et esseulé.

Aussi, comment vont pouvoir se passer les futures discussions avec une confiance réduite à peau de chagrin ?

En tout cas, l’après commence par le vœu pieux d’«élargir la majorité» – ce qui après le recours au 49.3 ne manque pas de sel – et un saucissonnage de la loi immigration pour essayer de la faire avaler plus facilement que la réforme des retraites, ce qui est loin d’être gagné.

Emmanuel Macron a beau vouloir croire que son quinquennat commence enfin, il devra d’abord convaincre qu’il ne s’est pas terminé avec la réforme des retraites.

Mardi 21 mars 2023 :

Que d’agitation depuis hier soir autour de cette motion de censure transpartisane rejetée pour 9 voix !

Tout le monde y va de son commentaire, même les retraités de la vie politique…

Il faut dire que l’événement est rare (il faut remonter au gouvernement Beregovoy – qui s’était sauvé à 3 voix près en mai 1992 à propos de la Politique Agricole Commune – pour trouver un écart si faible).

Mais le résultat n’est une surprise que pour ceux qui croyaient naïvement que les députés LR allaient écouter la colère du peuple et santionner majoritairement un gouvernement avec qui ils avaient une alliance sur ce projet de réforme des retraites.

Élisabeth Borne a donc bénéficié du soutien de l’Assemblée Nationale, comme la corde soutient le pendu.

Ce vote serré est plus qu’un avertissement. C’est un vrai camouflet pour l’exécutif qui espérait un rejet plus large. Mais vu le contexte et le sujet, démontrer qu’une majorité alternative n’existe pas ne pouvait pas renforcer l’actuelle majorité relative.

Non seulement ce résultat ne résout rien mais cette victoire à la Pyrrhus ne peut qu’approfondir la crise politique ouverte par le 49.3.

Certes, le budget rectificatif de la Sécurité sociale, qui comprend la réforme des retraites, est définitivement adopté (sous réserve de ce que dira le Conseil constitutionnel). Pour autant, le prix politique à payer est considérable et personne ne peut imaginer que l’actuelle locataire de Matignon pourra “continuer à porter les transformations nécessaires”, comme elle l’affirme dans une déclaration à l’AFP.

Y croit-elle seulement elle-même ?

Les ennuis ne font que commencer.

Sans surprise, le rejet de ces motions a attisé la colère de la rue. Les manifestations émaillées de tensions et dégradations dans la soirée à Paris, Rennes ou Strasbourg en sont malheureusement la preuve.

Le danger de bascule est d’autant plus inquiétant que la gauche radicale sait parfaitement souffler sur les braises pour instiller un climat insurrectionnel.

Le correspondant en France du « New York Times », Roger Cohen, parle même d’« une période de profonde incertitude » qui s’ouvre.

Compte tenu du climat social, dans quelles conditions va se dérouler la journée de mobilisation à l’appel de l’intersyndicale jeudi prochain ?

Il y aura un avant et un après cette séquence. Jamais le quinquennat ne pourra reprendre son cours comme si de rien n’était.

Emmanuel Macron va parler demain… à 13 heures sur TF1 et France 2, donc à son électorat et certainement pas aux actifs. Et pour dire quoi ? affaibli, isolé et sourd, il n’est ni le mieux placé pour apaiser, ni celui qui dispose du plus grand capital pour réformer.

En définitive, il est oiseux !

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