Vendredi 1er septembre 2023 :
Depuis vendredi, les actifs nés après le 1er septembre 1961 sont concernés par la réforme des retraites, vivement contestée ces derniers mois à l’Assemblée et dans la rue.
Qui aurait parié sur un tel calme social au moment de l’entrée en vigueur de cette réforme ?
Sa mise en œuvre apparaît même comme un non-événement.
La guerre de tranchée sur les décrets d’application parus ces dernières semaines (avec une rapidité d’exécution jamais vue pour une réforme aussi structurelle) n’aura pas lieu ; les syndicats ayant baissé d’un ton, en atteste le communiqué appelant à une mobilisation le 13 octobre qui n’évoque pas l’abrogation de la réforme des retraites.
Est-ce à dire que la page est tournée ?
Cette séquence a laissé des traces et a marqué une étape de plus dans la dégradation du lien entre les Français et leurs élites politiques, une cause supplémentaire de défiance envers les institutions démocratiques.
Et si l’option du référendum est sur la table, il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que rien de tel ne sortirait du chapeau de la rencontre organisée, mercredi, à son initiative, avec les chefs de partis à Saint-Denis.
Il est impensable que l’exécutif rouvre aujourd’hui le dossier de la réforme des retraites, malgré les injonctions de l’opposition de gauche.
Surtout que d’autres sujets sociaux, notamment le pouvoir d’achat et les salaires, vont prendre le relais.
En attendant, les entreprises doivent s’adapter, notamment en ce qui concerne leurs programmes de fin de carrière.
Quelques mois après l’adoption de cette réforme, les problématiques de fatigue générale et de difficulté d’emploi des seniors restent pregnantes.
Quant à l’idée du travail qui épanouit, régulièrement vantée par Emmanuel Macron, elle n’est pas une réalité.
Comment oser affirmer que l’on peut s’émanciper dans certains métiers pénibles et épuisants, où il faut se lèver tôt ou travailler en trois huit ?
Parler des retraites sans s’engager dans une réflexion sur la qualité de vie au travail est un non-sens.
Beaucoup de Français ont clamé leur inquiétude dans les manifestations du printemps : celle d’arriver plus vieux à la retraite, davantage fatigués, en mauvaise santé, voire même parfois handicapés… et de ne pas pouvoir profiter pleinement, une fois la retraite arrivée, du reste de leur vie.
On doit donc repenser le rapport que l’on a au travail dans notre société afin de le faire évoluer, de façon à ce que l’on puisse rééquilibrer, voire réinventer le contrat social.
La réforme des retraites s’est contentée d’affirmer que la solution était de travailler plus longtemps. Sans se demander s’il ne faudrait pas travailler autrement, ni répartir autrement les fruits du travail, ni s’interroger, au bout du compte, sur le contenu et la finalité du travail.
Il est plus que temps d’imaginer une société qui s’émanciperait des contraintes du travail et mettrait les gains de productivité au service d’une vie meilleure !
Mais ce n’est pas avec cette classe politique que nous y arriverons…