Mouvement gaulliste et républicain

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Les réflexions gaullistes des semaines du 30 mai au 12 juin 2022 par Christophe CHASTANET

Jeudi 9 juin 2022 :

Le Parlement européen a acté mercredi la fin des voitures thermiques en 2035 dans les 27 pays de l’Union Européenne. Autant dire demain.

Ce qui revient de facto à ne plus autoriser que la vente de véhicules électriques ou à hydrogène.

En s’alignant sur la Commission qui proposait dans le cadre de son “Paquet climat” un arrêt des ventes de vehicules thermiques neufs (hybrides comprises) à partir de 2035, les eurodéputés ont réussi leur coup : faire parler d’eux et mettre la pression sur le Conseil européen qui doit se réunir fin juin.

Evacuons tout de suite un faux débat : cette tribune n’a pas pour objectif de nier le sens de l’Histoire. Les années où Georges Pompidou affirmait qu’il fallait « adapter la ville à l’automobile » sont belles et bien révolues.

Mais la fin de l’ère des vehicules thermiques est un pari risqué, à la fois dans le choix d’une solution technologique unique et dans la capacité de la filière automobile à s’adapter.

En effet, cette transition accélérée va placer les équipementiers et autres sous-traitants automobiles (qui représentent environ un tiers des effectifs de la filière) en tension, pour ne pas dire en péril. En 10 ans, 1 emploi sur 5 a disparu dans le secteur. Dès lors, quel impact aura le virage vers l’électrique ?

Elle va également saper notre souveraineté technologique en ouvrant davantage la porte à la Chine (qui a 20 ans d’avance sur les batteries par rapport à l’Europe et tire 80% de la production mondiale), à qui on offre le marché. Ou comment remplacer une dépendance énergétique par une autre !

Le tout électrique risque aussi de fragiliser les plus modestes et de conduire à un nouveau séparatisme social car cette technologie n’est pas abordable pour toutes les bourses. D’autant que la baisse du coût unitaire du fait de la généralisation du parc est hypothétique, preuve en est la récente envolée du prix d’achat des véhicules électriques, sur fond de flambée des matières premières et de l’énergie. La guerre en Ukraine aura au moins eu le mérite de mettre en lumière des coûts qui n’ont pas été pris en compte dans la trajectoire visant la neutralité carbone d’ici à 2050…

Sans compter que des incertitudes demeurent sur l’efficacité écologique de cette disposition au regard de l’origine de l’électricité utilisée…

On l’aura compris, ce vote ouvre plus de questions qu’il n’en résout.

Il est tellement facile de se donner bonne conscience en se prononçant pour la fin des voitures thermiques (surtout quand dans le même temps on rejette un texte sur la réforme du marché du carbone). Mais encore faut-il que cela suive derrière… or, rien n’est prêt pour une telle bascule, notamment en terme d’aménagement du territoire et de politiques publiques.

Au sortir du premier confinement, les gaullistes alertaient déjà sur une telle révolution, en ce qu’elle “implique un changement de culture industrielle qui ne se décrète pas mais s’anticipe, se prépare et s’accompagne ! ” (lire réflexions gaullistes CC, 27/05/20)

Deux ans après, on pourrait presque réécrire la même chose…

Décarboner c’est bien, investir dans les infrastructures et les technologies vertes c’est mieux.

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