Dimanche 16 octobre 2022 :
La situation s’améliore lentement sur le front de la crise des carburants (lire billet UPF, 12/10).
Selon les derniers chiffres, 27,3% des stations-service rencontraient des “difficultés” d’approvisionnement hier à 15 heures, contre 28,5% vendredi.
Comment mettre fin à une grève ? c’est toute la difficulté avec ce conflit social piloté par la CGT qui rêve du “Grand Soir”.
Tandis que la situation s’est débloquée chez Esso-ExxonMobil, la grève a été reconduite chez TotalEnergies dans les raffineries et dépôts du groupe, malgré un accord signé par deux syndicats majoritaires sur les salaires (augmentation de 7% pour 2023 et une prime de 3 000 à 6 000 €) et un nouveau revers juridique pour la CGT quant aux réquisitions.
Il faut dire qu’Emmanuel Macron a cru devoir s’avancer, mercredi soir, en prédisant un retour à la normale dans la semaine prochaine… il n’y avait rien de tel pour encourager les grévistes à poursuivre leur mouvement (avec en point de mire la manifestation interprofessionnelle du mardi 18 octobre) !
Quoi que l’on en pense, c’est un juste revers de la médaille pour un gouvernement qui ne sait pas anticiper et a laissé le conflit s’embourber alors que le sujet est explosif – à croire que les leçons du mouvement des Gilets Jaunes n’ont jamais été tirées – et un président de la République qui avait misé sur la redistribution volontaire des marges par les groupes pétroliers, plutôt que sur une taxation de leurs bénéfices exceptionnels dus à la guerre en Ukraine…
La pénurie va donc continuer et le retour à la normale sera long car, même si les blocages étaient levés, il faudrait compter au moins une semaine avant que les raffineries ne redémarrent pleinement.
A voir les longues files devant les stations-essence ou les gens qui se battent à la pompe, on en oublierait presque tout le reste, comme la réforme des retraites ou les débats ubuesques à l’Assemblée Nationale sur le Budget.
Il est également évident que cette pénurie interroge notre dépendance au pétrole… et confirme du même coup nos craintes exprimées en juin dernier, à l’annonce de la fin des voitures thermiques en 2035 dans les 27 pays de l’Union Européenne (lire réflexions gaullistes CC, 09/06).
Mais en attendant, les Français payent la facture, entre rationnements et choix douloureux dans les priorités à revoir…
Il est certain que cette situation « perdant-perdant » laissera des traces, car aucun acteur ne sortira gagnant dans l’opinion.
Triste époque où les intérêts particuliers l’emportent sur l’intérêt général !