Mardi 25 octobre 2022 :
C’est un projet pharaonique pour la France qui a été dévoilé ce lundi : le groupe français Imerys, spécialiste des minéraux industriels, a annoncé le lancement de l’une des plus grandes mines de lithium d’Europe à Echassières dans l’Allier.
Il est bien connu que l’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Alors, tous les superlatifs y passent depuis hier et ce projet à un milliard d’euros est présenté comme une avancée majeure pour la souveraineté de la filiere automobile française.
Depuis la crise sanitaire et plus encore depuis la crise énergétique, on nous vendrait père et mère pour nous faire croire qu’il est soudainement devenu essentiel d’assurer notre souveraineté et notre indépendance industrielle… une priorité nationale dont on n’avait pourtant que faire pendant de nombreuses années, sacrifiée sur l’autel de la concurrence libre et non faussée !
La France se lance donc un défi, celui d’accélérer sa mutation vers l’électrique en se dotant d’une filière 100% intégrée pour les véhicules électriques, des matières premières jusqu’au recyclage, en passant par la fabrication.
On ne reviendra pas ici sur le choix du tout électrique qui reste cher à l’achat ; lié au coût de l’électricité à l’usage et qui pose le problème des batteries en fin de vie.
Cette conversion étant actée, il s’agit maintenant de combattre à armes égales, notamment face à la Chine.
A partir de 2028, Imerys souhaite ainsi produire 34.000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pour une durée de 25 ans. Le volume annoncé permettrait de fournir du lithium aux constructeurs de batteries pour équiper 700.000 véhicules électriques par an.
Mais cela ne doit pas nous faire perdre toute raison. Et c’est un souverainiste qui l’affirme !
D’une part, comme l’affirme Maria-Eugenia Sanin, maître de conférences en économie à l’université de Paris Saclay, l'”enjeu principal” ne se situe pas tant dans l’extraction de lithium sur notre sol que dans notre capacité de produire par nous-mêmes des batteries dont nous sommes totalement dépendants (lire réflexions gaullistes CC, 09/06).
Et puis par quel miracle les sondages souterrains et les études seraient-ils aujourd’hui probants, alors qu’en février dernier, lors de la présentation des résultats du groupe Imerys pour 2021, son directeur financier, Sébastien Rouge, était resté très prudent sur la possibilité d’exploiter son gisement de Beauvoir – connu depuis les années 60 – et qu’il affirmait ne pas avoir de confirmation de la teneur en lithium, ni des méthodes à utiliser pour l’extraire de façon rentable ?
En quoi ce projet serait devenu plus «facile et simple » en 8 mois, faisant fi des contraintes techniques qui empêchait jusqu’alors qu’il aille de l’avant ?
Faut-il y voir l’intervention pressante de l’Etat, jusqu’à son plus haut niveau ? rappelons en effet qu’Emmanuel Macron affirmait, juste avant l’ouverture du Salon de l’Automobile il y a une semaine, que « nous avons des mines de lithium en France et nous allons les développer »…
Et que dire de l’impact environnemental ? on nous explique que le minerai sera extrait via des galeries souterraines situées à plus de 75 mètres sous la surface, sans craindre de polluer l’air, ce qui favorisait l’acceptabilité du projet par les riverains… croit-on vraiment les Auvergnats aussi naïfs ? la France n’est pas l’Australie désertique !
Gagner en souveraineté est une chose, mais pas à n’importe quel prix, ni à n’importe quelles conditions !