Mardi 18 avril 2023 :
C’est peu dire qu’il nous a été donné de voir et d’entendre de nombreuses allocutions présidentielles.
Mais rarement, comme hier soir, la déconnexion avec les réalités avait atteint un tel degré !
Et ce n’est pas un simple élément de langage, que d’aucuns utilisent pour critiquer la moindre prise de parole du président de la République ; au contraire, cette affirmation tombe en plein dans le mille.
Pour Emmanuel Macron, cela devait être le début d’une « opération de reconquête de l’opinion » afin de tenter d’effacer les traces laissées par l’impopulaire réforme des retraites.
On en est très loin.
Trois jours après la promulgation de la loi repoussant l’âge légal de la retraite, cette intervention télévisuelle est un nouveau rendez-vous manqué.
Macron a fait du Macron. Sans psychologie, ni empathie.
Or, comment renouer le lien avec les Français quand on ose reconnaître que la réforme n’est « manifestement pas acceptée » mais que, peu importe – ignares que nous sommes – elle commencera à s’appliquer « à l’automne » ?
Quand on affiche un tel niveau de mépris, tout le reste du discours ne peut qu’être inaudible.
Face à une incompréhension aussi profonde avec son pays, on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé et ne rien changer ni sur le fond, ni sur la forme.
Sans l’assentiment du peuple, il n’est que pouvoir personnel et aventure politique.
Et pourtant…
Emmanuel Macron ne veut pas entendre parler d’une porte de sortie politique, la seule à même de poser la question de confiance au titulaire de la souveraineté.
Ses propos sont donc tombés à plat. Et jamais parole présidentielle n’avait paru à ce point démonétisée.
Il faut dire aussi que ses trois chantiers annoncés (travail, justice, progrès) sentent le réchauffé.
A part relire ses voeux aux Français et piocher dans son programme de la dernière présidentielle, où sont les mesures d’amélioration concrètes de la vie quotidienne des Français ?
Comme si quelques objectifs généraux allaient suffire…
Manifestement, le chef de l’État ne mesure pas l’ampleur de la crise sociale et démocratique dans laquelle il a plongé la France, tout comme l’amertume qu’il sème.
La preuve de ce décalage ? il faut quand même manquer gravement de discernement pour décréter que commencent 100 jours d’apaisement !
Impossible que cela tienne 3 mois ainsi. Alors 4 ans, n’en parlons même pas !